Cliquez ici pour une page de chiffres et de plans
Les légères différences
entre certains détails du monument laissent penser les archéologues que la construction du Colisée a été divisée en quatre chantiers correspondant aux quatre quadrants de l’amphithéâtre et la gestion de chaque chantier donnée à quatre différentes entreprises qui ont effectué les travaux simultanément. On ne connait pas le nom de l’architecte du Colisée tout comme on ne connait pas ceux de beaucoup d’autres architectes de l’antiquité.
Il semble que l’argent nécessaire à la construction fût prélevé des butins des guerres juives et du sac de Jérusalem. Cette thèse, suggérée tout d’abord par le bon sens, est actuellement confirmée par une étude sur une inscription. Sur la pierre, « au-dessous » de l’inscription, on peut encore voir les trous pour la fixation des lettres en bronze d’une inscription précédente qui avait été effacée.
Professeur à l’Université de Heidelberg, Géza Alföldy, avec des archéologues italiens, a déchiffré l’énigme (cliquez ici pour lire l’explication en anglais et ici pour le texte de l’étude en allemand) et il a conclu que la première inscription récitait : Imp. T. Caes. Vespasianus Aug. Amphitheatrum Novum Ex Manubis Fieri Iussit, à savoir : «L’empereur César Vespasien Auguste construit cet amphithéâtre avec le butin de guerre. »
On ne sait pas combien a réellement coûté le Colisée, mais le montant a été sans doute très élevé : en 1756 Francois Jacquier a calculé le coût du seul mur extérieur : compte tenu de la dévaluation, etc. le coût dépasserait aujourd’hui les 39 millions d’euros. On ne peut pas exclure l’utilisation d’esclaves pour la réalisation de l’œuvre, mais la qualité des travaux témoigne également de l’utilisation de main-d’œuvre qualifiée et expérimentée.
Une fois terminée la base a été recouverte d’un plancher en travertin, d’environ 90 cm d’épaisseur. Sur ce plancher en pierre ont été marquées les points de repère pour les principaux piliers des murs radiaux, et les blocs de base des piliers ont été littéralement ancrés au sol avec une cheville et du métal fondu.
Ce squelette de piliers a été élevé jusqu’au deuxième étage et les piliers de travertin raccordés au sommet par des grands arcs en briques bipedales, c’est-à-dire d’environ 60 centimètres de hauteur, placés de manière à rendre possible la réalisation de nombreuses voûtes rampantes, dont l’ensemble constitue « l’entonnoir » ou cavea qui soutient les gradins de marbre pour les spectateurs. Plusieurs de ces voûtes sont encore debout comme on peut voir dans la photo de l’arène telle qu’elle est aujourd’hui.
La construction du squelette de travertin jusqu’au deuxième étage a permis aux constructeurs d’effectuer les travaux sur plusieurs chantiers en même temps au-dessus et en-dessous de la cavea ; des voûtes ont été laissées ouvertes pour pouvoir soulever les charges mais la plupart d’entre elles ont été couvertes. Au rez-de-chaussée le vide entre les piliers a été rempli avec de l’opus quadratum en en tuf tandis qu’au deuxième ordre on a utilisé du béton facé de briques semilateres.
En fait, les structures en opus de tuf et celles supérieures de maçonnerie, qui ont été réalisées pour remplir les vides entre les piliers de travertin et les pilier eux-mêmes et qui constituent les murs radiaux de l’amphithéâtre, peuvent être considérées comme totalement indépendant des piliers et des grands arcs supérieurs et donc construites après ces derniers dans un deuxième temps.
En général, les différentes caractéristiques mécaniques (résistance, légèreté et facilité de mise en œuvre) des matériaux utilisés (travertin, tuf, briques et ciment) ont été exploitées de manière optimale. La combinaison de différents matériaux améliore l’élasticité du bâtiment : les piliers plus grands sont en travertin, les murs radiaux en tuf et travertin, les voûtes en béton.
Les blocs de travertin étaient solidarisés par des agrafes en fer, qui ont été enlevées pendant le moyen âge et ont laissé ces trous que l’on voit partout ; on a on a calculé qu’à cette fin ont été utilisées 300 tonnes de métal.
Le mur supérieur en travertin montre que la plupart des pierres vient de blocs irréguliers enlevés d’autres bâtiments et taillé uniquement sur le côté l’extérieur et ceux de contact (voir photo à droite). On ne sait pas si le mur a été construit de cette façon pour gagner du temps ou si ces irrégularités dépendent de restaurations successives. Le mur extérieur était une fois flanqué et soutenu à l’intérieur par un mur épais en briques : c’est toujours un mystère comment la façade reste debout sans le soutien de ce mur.
Je veux conclure cet exposé sur la méthode de construction par une citation de Cozzo : « Ce procédé aussi simple qu’évident a permis de terminer très rapidement la construction du grand « entonnoir » de la cavea et la couverture des couloirs du deuxième étage ; au même temps cela a permis de construire deux immenses chantiers au même endroit : le premier en bas entièrement couvert pour que les travaux puissent continuer même en cas de pluie, et un deuxième au-dessus du plancher de la cavea pour la construction de la partie supérieure du bâtiment.
Dans la partie couverte, c’est à dire dans les chantiers inférieures, on construisait tous les nombreux murs entre les piliers de travertin, les voûtes des escaliers et celles de couverture du couloir au rez-de-chaussée, les enduits et les décorations en stuc ; dans les chantiers supérieurs on faisait les travaux de maçonnerie des deux dernières étages de l’amphithéâtre, le podium, les gradins et la construction du porche en bois« .
Lors de la construction du Colisée on a aussi construit dans le voisinage toute une série de bâtiments annexes : l’armamentarium (un entrepôt où on gardait et réparait les armes des gladiateurs), le saniarium (une salle pour accueillir et soigner des blessés), le spoliarium (où on transportait les corps des gladiateurs tués pour les dépouiller de leur armures), le Summum Choragium (où on préparait les décors, les machines, les vêtements et les outils pour les spectacles), les Castra Misenatium (les logements des marins de la flotte impériale de Cap Misène détachées à Rome pour manœuvrer le cordage du velarium).
Ensuite Domitien a fait construire les Ludi, des casernes/prisons où les gladiateurs étaient logés et s’entraînaient. Certains étaient réservés à des catégories particulières de gladiateurs et nommé d’après le nom de leur lieu d’origine comme le Ludus Dacicus et le Ludus Gallicus, tandis que le Ludus Matutinus, dans lequel logeaient les venatores (les chasseurs) a été ainsi nommé parce que le venationes traditionnellement avaient lieu seulement dans la matinée.
En conclusion, le Colisée présente des caractéristiques structurelles exceptionnelles : l’élégance formelle, la solidité de la construction et l’ingéniosité dans l’organisation des espaces (le système d’entrée et d’évacuation, les espaces souterrains utilisés comme arrière-scène).
La plupart des infos de cette page ont été tirées du livre de G. Cozzo « Il Colosseo – L’anfiteatro Flavio nella tecnica edilizia, nella storia delle strutture, nel concetto esecutivo dei lavori », Roma, Palombi, 1971.
Une intéressante étude intitulée “Efficienza produttiva e qualità costruttiva. Problematiche tecnologiche, strutturali e di cantiere : l’esempio del Colosseo” – par Giovanni Manieri Elia, est disponible ici.